
Historique
Elément architectural
La fermeture du lieu de vie, que ce soit pour se protéger des prédateurs ou des éléments, apparaît dès l’homme de Cro-Magnon qui obturait la caverne avec un rocher pivotant sur un axe.
Outre sa fonction protectrice, la porte est aussi un élément architectural qui revêt différentes formes.
Elle peut être simple ou d’apparat ce qui a justifié la mise en place d’un impôt sur les portes et fenêtres. Parfois, il s’agit même d’une simple toile dans certains pays chauds ou manque d’argent, ceci n’offrant qu’une mince protection hormis celle relative de son intimité.
Au moyen-âge avec la construction de châteaux forts comportant des ponts-levis et poternes, le mot porte, issu du latin « porta » apparaît dans sa forme actuelle. Auparavant, on utilisait plutôt le terme « d’issue ».
Puis sont apparus les vocables :
Huis au XIIème siècle
Pertuis, vers 1150
Portière en 1540
Décors et accessoires de portes
Les portes au fil des siècles ont été dotées d’accessoires pratiques :
Impostes
Monogrammes
Heurtoirs
Poignées
Serrures
oeilletons
Toutes ces décorations n’étaient pas là pour simplement faire joli ou montrer sa richesse, mais elles transmettaient une information au visiteur.
« Ainsi au XVIIème siècle, une salamandre ou un sablier sculptés sur la porte indiquaient qu’ici vivait un sage, peut-être un alchimiste ».
Le heurtoir qui servait à annoncer son arrivée, avant l’apparition de la sonnette, fut d’abord un simple maillet de bois frappant un clou planté dans la porte. Puis il a été fortement amélioré et certains sont très ostentatoires.
Les motifs les plus utilisés sont le lion, le serpent, ou une créature monstrueuse. Il peut aussi avoir une vertu protectrice en fonction des croyances de l’occupant.
« Souvent représentée, la Méduse était supposée pétrifier ou au moins à faire fuir le malfaisant »
L’oeilleton, ou le judas, petite ouverture qui permet de voir qui vient. Autrefois, il y avait des judas de plancher cachés par une planche et munis d’une grillage pour espionner ce qui se passait à l’étage du dessous.
« le mot « judas » vient de l’apôtre qui trahit Jésus, puisque cette petite ouverture trahit celui qui est observé à son insu ».
Les impostes apparaissent dès le XVIème siècle et avaient pour fonction d’aérer l’entrée par ventilation. Elles sont clôturées par une grille métallique pour la sécuriser. On trouve de très belles impostes ouvragées par des ferronniers, certaines avec le monogramme du propriétaire.
Serrures et leurs clefs, ainsi que les poignées ont également fait l’objet de travail ouvragé magnifique.
« Ce serait en Egypte, 3 000 ans avec JC, que la première serrure a été assemblée »
En bas, sur les côtés, on y trouvait aussi des « chasse-roues » ou « boute-roues », de pierres ou fer forgé, qui servaient à protéger les murs lorsque le moyen de locomotion était le char, charrette et autres carrosses.
Ils pouvaient aussi servir de borne pour aider les cavaliers à monter ou à descendre de cheval.
De forme simple, bloc ou boule de pierre ou en méta juste posé contre le mur, d’autres étaient sculptés ou ornés de motifs, ajoutant ainsi une touche d'esthétique à la rue.
Les portes cloûtées
Souvent associées aux châteaux forts, elles se sont répandues au moyen-âge et sont bien plus qu'un simple élément architectural. Elles témoignent d'une époque où la sécurité était primordiale
Les clous enfoncés profondément dans le bois, créaient une barrière quasi impénétrable, rendant la porte plus résistante aux chocs et aux tentatives d'effraction, que ce soient les malandrins ou un ennemi, notamment pendant les guerres de religion;
La fabrication d'une porte cloutée au Moyen Âge était un travail long et minutieux, réalisé par des artisans qualifiés. Le résultat était une porte à la fois solide, esthétique et symbolique d'un savoir-faire ancestral.
Cela débute par le choix du bois : chêne, noyer ou châtaignier longuement séchés, réputés pour leur résistance et longévité.
Les planches étaient assemblées à l'aide de tenons et de mortaises, une technique d'assemblage robuste et traditionnelle.
Les clous en fer étaient fabriqués à la main par des forgerons. Le fer était chauffé au rouge, puis frappé à coups de marteau pour obtenir la forme désirée. Les pointes des clous étaient souvent recourbées à chaud pour mieux s'ancrer dans le bois.
Les clous étaient ensuite plantés selon un motif précis, souvent en losange ou en carré, pour renforcer la porte et lui donner un aspect esthétique.
Le symbolisme du clou
Au Moyen Âge en France, les clous étaient souvent associés à diverses superstitions. Ces croyances populaires étaient liées à la religion, aux traditions locales.
Le fer, ce matériau mystérieux était un métal précieux et difficile à travailler au Moyen Âge. Ses propriétés magnétiques et sa résistance à la corrosion le rendaient mystérieux et lui conféraient des pouvoirs surnaturels.
Les gens cherchaient à expliquer les phénomènes naturels et les événements qu'ils ne comprenaient pas. Les superstitions leur permettaient de se sentir plus en sécurité et de maîtriser leur environnement.
" Le fer était considéré comme un matériau puissant capable de protéger contre les forces obscures."
" Protection contre le mal: On croyait que planter un clou dans le linteau d'une porte ou d'une fenêtre pouvait repousser les mauvais esprits et les sorcières."
Joëlle Teyssier
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