Statue des Frères Montgolfier
- R.P.H.V
- 5 oct. 2024
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Dernière mise à jour : 27 déc. 2024
Joseph et Étienne de Montgolfier… en quelques mots : fils de Pierre Montgolfier et de son épouse Anne Duret, Joseph et Étienne sont respectivement nés en 1740 et 1745.
Joseph était le type parfait de l’autodidacte. Son esprit inventif lui fit aborder les sujets les plus divers. Ses travaux lui permirent, souvent avec son frère Étienne, de mettre au point la presse hydraulique, l’amélioration du papier Vélin, la lampe à verre cylindrique (quinquet), un calorimètre, le bélier hydraulique et, bien sûr, l’aérostat.
Après la tourmente révolutionnaire, il se fixa à Paris et fut nommé administrateur du Conservatoire des Arts et Métiers, membre résidant de l’Institut et fut fait chevalier de la Légion d’Honneur.
Il mourut à Balaruc-les-Bains en 1810. Il est enterré à Annonay.
Étienne était tout l’opposé de son frère. Envoyé très jeune à Paris, il fit de solides études et, se destinant à l’architecture, il devint l’élève de Soufflot. Rappelé par son père pour prendre la direction de l’usine de Vidalon, il y apporta de nombreuses améliorations, en particulier pour la fabrication du papier Vélin.
Grâce à son aptitude naturelle pour les sciences il fut un précieux concours pour son frère, pour l’invention qui les rendit célèbres : la montgolfière.
Après la Révolution, Étienne s’occupa de la direction de l’usine et fut appelé à s’occuper de politique. Il fut nommé membre de la Commission chargée de la formation du département de l’Ardèche, puis administrateur du département, et membre de la Commission du Commerce et des Manufactures auprès du Comité de Salut Public.
Malade, il mourut à Serrières le 1er août 1799 et fut enterré à Davézieux.
La statue
Historique - À Annonay, les fêtes du centenaire de la première montgolfière, en 1883 ont été l'occasion d'élever une statue à la gloire des deux frères, Joseph et Étienne.
Le comité pour le centenaire Montgolfier se divisait en trois commissions : commission des fêtes, commission des souscriptions et commission du monument.
Un concours fut lancé, pour lequel trois artistes, MM. Émile Hébert, Henri-Louis Cordier et Delhomme présentèrent six maquettes.
C’est l’un des trois projets de Henri-Louis Cordier qui fut choisi. Le groupe en bronze et son piédestal ne pouvant être terminés pour la date de la célébration du centenaire, une maquette provisoire, en plâtre, grandeur nature, fut exécutée par des praticiens de Paris et installée place des Cordeliers, quelques jours avant l’inauguration officielle. Le 13 août 1883, à 17 heures, le voile était levé.
Mais, en juin1886, « la maquette des frères Montgolfier a été précipitée du haut de son piédestal pendant une avalanche d'eau qui a détrempé les vêtements de nos aéronautes et dégonflé leur ballon. On s'attendait plutôt à un enlèvement car depuis que l'un tient sa botte de paille enflammée, l'aérostat devait être assez gonflé pour s'élancer dans les airs. Pas du tout ! patatras, le plâtras a fait une culbute dans le sable humide de la place. » (« Le Journal d'Annonay », 3 juillet 1886).
Face à cet incident, le Comité répondit « à la légitime impatience des souscripteurs et du public, désireux de voir s'élever le monument définitif sur l'une de nos places, que le Comité n'a mis aucune négligence pour arriver à ce résultat : le long retard à satisfaire le vœu général résulte dans la difficulté dans le choix d'un emplacement (...) Quoiqu'il en soit le bronze représentant les frères Montgolfier, entièrement la propriété du Comité est à sa disposition à Paris... » (« Le Journal d'Annonay », 3 juillet 1886).
La tâche du Comité n'était pas terminée, car il se devait de faire venir de Paris la statue définitive.
Lors du Conseil Municipal du 21 février 1888, la commission chargée de l'installation d'une statue aux frères Montgolfier demanda « d'établir provisoirement cette statue sur la place de l'Hôtel de Ville, en attendant que l'on puisse la mettre à l'entrée du Boulevard, rue Montgolfier à moins toutefois que la Comité préfère le rond-point du boulevard de la gare (...). Le Conseil Municipal décide à l'unanimité que la Place de l'Hôtel de Ville [actuelle place de la Libération] est désignée provisoirement comme emplacement destiné à recevoir la statue des frères Montgolfier. »
Le comité organisa une petite fête pour le 5 juin 1888 et, de grand matin, la statue fut mise en place.
1944 – 1947 – Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'occupant allemand procédant à la récupération de tous les métaux pour sa production d'armement, le 6 avril 1944 « on assistait, place Maréchal Pétain, à un spectacle émouvant. Tels de sinistres bois de justice tout un appareil inquiétant se dressait contre le monument des Frères Montgolfier. À l'aide de grosses cordes la statue était amarrée à une huitaine de marronniers de la place ; on eut pu croire que c'était pour mieux retenir les deux célèbres Annonéens. D'autres liens ceinturèrent les deux personnages comme pour mieux les assujettir sur leur piédestal. Hélas il en était tout autrement. Tout comme leur ballon il y a 161 ans les deux inventeurs devaient “ s'envoler ”. En moins de deux heures ils furent arrachés du socle, suspendus et chargés sur la voiture des condamnés » (« La Gazette d'Annonay et du Haut Vivarais », 8 avril 1944).
Le convoi prit la direction de la fonderie « ce four crématoire de vieux métaux qui était devenu sous l'occupation, l'antichambre des usines de guerre allemandes. Mais ce camion, arrivé au relais St Christophe, se trompait de route ; au lieu de continuer tout droit sur Lyon, il tournait à gauche et atteignait en quelques tours de roues une paisible maison de campagne où cette statue est restée cachée jusqu'à la Libération » (« Le Réveil du Vivarais », 7 juin 1947, discours de M. de Montgolfier). Cette maison, située sur la commune de Saint-Marcel-lès-Annonay, appartenait à la famille de Montgolfier. Le secret fut donc bien gardé.
En mai 1947, la statue était ramenée de Saint-Marcel-lès-Annonay, elle fut officiellement remise en place le 1er juin 1947, en même temps que l'inauguration de la nouvelle statue de Marc Seguin.
Notice sur le sculpteur : Henri-Louis Cordier naquit à Paris en 1853. Son père, Charles Cordier, était sculpteur et sortait de l’atelier de Rude, avec Carpeaux. Son grand-oncle, Duméril, était directeur du Muséum d’Histoire Naturelle. Henri Cordier passa ainsi son enfance à s’amuser devant les animaux du Jardin des Plantes.
Henri-Louis Cordier commença sa formation de sculpteur auprès de son père et se perfectionna, après un voyage à travers l’Europe, dans l’atelier d’Emmanuel Frémiet puis, dans celui d’Antonin Mercié.
Henri-Louis Cordier fut un animalier passionné.
Dans la première partie de sa carrière, fréquentant les haras de Pompadour et du Pin, il produisit des études de chevaux et d’animaux domestiques. Après un voyage en Turquie et en Égypte, il s’intéressa aux fauves, essentiellement aux lions.
Mais il eut aussi une carrière de sculpteur d’œuvres historiques et religieuses.
Il mourut à Paris en 1826.
Description : statue en pieds des frères Joseph et Étienne de Montgolfier.
Le groupe est en bronze et représente les inventeurs, l’un debout, l’autre à genoux, à côté d’un ballon de petite dimension, et d’un tabouret sur lequel est posé un livre. Sur le socle, en pierre de taille, est scellée une plaque de marbre portant la mention suivante : « Aux frères Joseph et Étienne de Montgolfier 1783 – 1883 Par souscription publique ».
En 1947, une seconde inscription fut gravée sur le socle : « Le monument des Frères Montgolfier, soustrait aux Allemands en 1944, a été rétabli à son emplacement le 1er juin 1947 ».
Emmanuelle Faure
Légende iconographique : - crédit photos E.FAURE
Img 001 – Hommage aux frères Étienne et Joseph de Montgolfier
Img 003 - Place des Cordeliers, la statue Montgolfier et, la pyramide – Vers 1883
Img 004 - Projet retenu de Henri-Louis Cordier
Img 005 – Extrait du journal « L’Annonéen », du 3 juillet 1886
Img 006 - Statue des frères Montgolfier – 1901
Img 007 - Statue des frères Montgolfier – Carte pionnière – Vers 1901
Img 008 - Statue des frères Montgolfier - Vers 1907
Img 009 - Statue des frères Montgolfier - Vers 1904
Img 010 - Statue des frères Montgolfier - Vers 1904
Img 012 - Fêtes du 150e anniversaire de la première montgolfière – Affiche - Juillet 1933
Img 013 - Statue des frères Montgolfier – Années 1950
© Tous droits réservés, texte et iconographie
Bibliographie :
● BÉRARD - « Discours prononcé au nom de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale à l’inauguration du monument érigé aux frères Montgolfier pour le centenaire de l’aérostation le 13 août 1883 » - Lyon : imprimerie Générale, 1883.
● « Bicentenaire de la première montgolfière Annonay 1783 - 1983 » - Tiré à part de la « Revue du Vivarais », t. LXXXVII, n° 2, avril - juin 1983.
● DU PUY DE LOME - « Discours prononcé au nom de l’Académie des Sciences à l’inauguration du monument érigé aux frères Montgolfier pour le centenaire de l’aérostation le 13 août 1883 » - Lyon : imprimerie générale, 1883.
● FAURE Emmanuelle .- « Annonay au fil du temps… au fil des couleurs » - Annonay : chez l’auteur, 2011.
● FRAPPA Maurice - « Annonay, reflets des visages et des choses. Moments d’histoire locale » - Davézieux : imprimerie Louis Volozan, 1985.
● LAUSSEDAT Aimé (Colonel) - « Discours prononcé au nom du conservatoire National des Arts et Métiers à l’inauguration du monument érigé aux frères Montgolfier pour le centenaire de l’aérostation le 13 août 1883 » - Lyon : imprimerie générale, 1883.
● PERRIER François (Colonel) - « Discours prononcé au nom du Gouvernement à l’inauguration du monument érigé aux frères Montgolfier pour le centenaire de l’aérostation le 13 août 1883 » - Lyon : imprimerie générale, 1883.
● TISSERAND Félix - « Discours prononcé au nom de l’Observatoire National de Paris à l’inauguration du monument érigé aux frères Montgolfier pour le centenaire Montgolfier le 13 août 1883 » - Lyon : imprimerie générale, 1883.
● Presse locale : « Le Journal d’Annonay » de 1883, du 3 juillet 1886, des 2, 9 et 16 juin 1888 ; « La Gazette d’Annonay » des 8 et 15 avril 1944 ; « Le Réveil du Vivarais et de la Vallée du Rhône » des 24 mai, 31 mai et 07 juin 1947





























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